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L'alimentation

      Ce qui me manque le plus, au niveau gastronomique, ce n'est pas tant le fait de manger, mais le goût, la saveur des aliments. 
     Je ne me suis jamais intéressé aux émissions culinaires, et c'est au  moment où je ne peux plus rien avaler que je m'éprends pour Masterchef, un dîner presque parfait et autres présentations qui me procurent un nouveau plaisir. Je n'irai pas jusqu'à dire, qu'en mêlant les images à mon imagination, je ressent le goût des aliments, mais il y a un peu de ce plaisir là. 
     L'évolution de la maladie nous a constamment amené à adapter le mode d'alimentation. J'ai été longtemps nourri à la cuillère, comme un bébé, avec des aliments entiers, puis mixés et de plus en plus liquides, jusqu'à la pose de la gastrostomie. Ce qui justifiait le recours à cette GPE, c'était bien sûr la conséquence d'une perte de poids (musculaire) , mais aussi pour des quantités d'apports nutritifs de plus en plus insuffisants. Ceci dit, j'avais toujours la possibilité d'avaler, mais sans contrainte d'apport calorique, juste pour le plaisir. Cela n'a pas duré bien longtemps, car deux mois plus tard, la trachéotomie s'imposait et allait rendre, quasi impossible, la possibilité d'avaler.
     Aux urgences de l'hôpital de Martigues, Valérie a commencé par me donner de la glace pilée à la petite cuillère, puis à la paille avec la  sublime soupe de poissons. Par la suite, nous avons testé une multitude de procédés, avec pour finalité, le seul plaisir du goût, mais ô combien important, les quantités ingérées étant de plus en plus infimes. Les principaux aliments mixés, puis liquéfiés: saumon fumé-citron, tarte courgettes au chèvre, tourte épinards-saubressade et les inévitables olives pimentées... du pur bonheur !